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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

chauds reflets de soleil, des yeux profonds, un front de rêveur, et l’aisance naturelle aux gens bien nés, — merveilleux type d’un pays merveilleux. À l’entrée d’une tente qui, près de lui, semblait petite, il taillait nonchalamment un bout de bois avec un couteau terrible et recourbé, qui avait la forme d’une gorge d’homme. Voyant le major James Pipe, il ne bougea ni ne salua ; mais son regard exprimait une grande douceur l’amitié, — amitié immobile et contemplative. Inutile de le déranger. Le major appela un Écossais, disant à Barbet :

— Les Écossais, c’est les meilleurs des garçons l’Angleterre.

Barbet, cette fois, ne répondit rien. Il n’avait pour ainsi dire plus le temps de passer d’une considération générale à une autre, tant les spectacles se suivaient, rapprochés et divers. À cet instant, d’ailleurs, une seconde auto s’arrêta et il en descendit un autre officier, avec un autre civil. On présenta ces messieurs :

— Mongsieur Bâbette, important french journaliste.

— Mongsieur Pesighi, distingué Parisien, fabricant des aliments préservés.

MM. Persigris et Barbet se saluèrent sans