Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

Mais le major James Pipe lui fit signe :

— Mongsieur Bâbette, si vous voulez venir…

Dans l’entrée de l’hôtel, les patères du vestibule étaient couvertes chacune de trois ou quatre casquettes militaires. Le major dit :

— Les Boches, ils répètent les femmes chez nous n’auront plus d’enfants. Mais…

Il sourit :

— Elles ont !

Grâce à cette fécondité passée, Barbet se crut au temps heureux de la paix, lorsqu’une course ou qu’une fête attire la badauderie humaine dans une ville d’ordinaire tranquille. On voyait, dès l’antichambre de ce vieil hôtel français, crasseux et sombre, un désordre et un encombrement qui marquaient une clientèle anormale et un personnel débordé. Et tout de suite Barbet pensa : « Fichtre ! Ça va être dur de se faire servir ici ! »

Aussi, le major James Pipe, pressé de lui montrer les troupes anglaises, saisit avec adresse ce prétexte de manger peu et vite.

Il fit :

— Nous allons demander on nous donne pas toute la liste, voulez-vous ? Ce soir, ayant vu les armées, nous ferons plus aisé.

Barbet approuva.