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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

core un crétin ! », il était trop las pour faire autre chose que se coucher.


Le lendemain était dimanche, jour du Seigneur, comme aimait à dire M. John Pipe, et de M. John Pipe, Barbet reçut au réveil un mot lui annonçant qu’il viendrait le chercher sitôt le déjeuner pour s’en aller ensemble dans la campagne, près de Londres.

Alors Barbet, ne sachant que faire de sa matinée, décida, ma foi, de n’en rien faire du tout. Il traîna au lit, passa dans son cabinet de toilette, regarda la baignoire, se dit : « En somme, j’ai droit à un bain, je vais prendre un bain », se baigna, se sécha, se rasa, se coupa, puis il demanda, au moyen de ce qu’il possédait d’anglais, un café au lait, et on lui apporta une omelette au jambon. Il la trouva savoureuse. Il écrivit à sa femme : « Tout ce que je vois est fabuleux. Ça ne se raconte pas ». Il sortit dans Londres : il y acheta un rasoir de Sheffield. Puis tenant à rapporter des cigarettes anglaises, il entra dans une de ces innombrables boutiques de tabac, dont les devantures comblées de boîtes bariolent les rues, et il fit emplette d’un paquet de cigarettes turques.