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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

Très las, le superbe Si Hadj ben el Haouri souriait aussi avec béatitude.

Barbet, s’installant à son côté, dit d’un air réfléchi :

— Croyez-vous que ces Écossais aient une culotte sous leur petite jupe ?… On discute ça en France… Je me demande si c’est possible qu’ils aillent le derrière à l’air ?…

Mais le superbe Si Hadj ben el Haouri ne sut répondre que ces mots :

— Tout cela est admirable. Que Dieu protège le peuple écossais !

— Abruti ! pensa tout bas Barbet.

Après quoi, l’un et l’autre, ils s’assoupirent, n’eurent aucune conscience du chemin suivi, et s’éveillèrent lorsque le chauffeur, ouvrant la portière, leur déclara qu’ils étaient à l’usine.

Ah ! le décor était changé : plus de campagne, une rue sale, des murs lépreux, un ciel gris de fer. Barbet sentait une courbature, il grogna en descendant de l’auto. Mais un petit vieillard velu, hirsute, affreux, qui portait sur un nez bourgeonnant des lunettes de travers, était venu à leur rencontre, et il s’empressait, frétillait, ricanait, tel un homme qui vraiment a une surprise à montrer.