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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

cadencé. Enfin, Barbet et le superbe Si Hadj ben el Haouri allaient demander grâce, quand on arriva au club des officiers, où le commandant écossais annonça en devenant très rouge : « Déj’ner, yes ! »

— Ah ! soupira Barbet… bonne nouvelle !

Ce club était charmant. Une salle à manger d’un style anglo-hollandais moderne, avec des murs et une cheminée de faïence, un plafond à solives, une moquette rouge. Il y avait des eaux-fortes représentant des scènes de chasse, et les bonnes portaient des bonnets drôles sur de petits visages colorés et éveillés. Barbet eût bien voulu manger lentement. Il eût aimé un peu parler. Il s’y essaya. Résumant la matinée, il dit :

— Si vis pacem, para bellum.

Et encore :

— Vous entraînez votre armée avec une étrange bonne humeur, ne négligeant rien, mais… passez-moi l’expression, on sent que tout ce fourbi militaire… n’est que passager chez vous… Dès la paix le marchand de biscuits rebiscuitera… C’est une armée matériellement définitive mais moralement provisoire, et…

— Oh ! yes, dit le commandant écossais.