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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

terpréter la hiérarchie. Tout à coup, ces grands réalistes fermaient les yeux pour ne voir que l’idée, oubliaient le nombre des galons, et ne considéraient que la vraie valeur de l’homme. « Enfin, se dit Barbet, sont-ils intelligents… et anarchistes, ou sont-ils très bêtes et pleins de mépris pour le civil au profit du militaire ? Ou encore… » C’était à n’y rien comprendre. — En tout cas, le général n’avait guère l’air satisfait que ce journaliste eût posé une si simple question. Il parlait presque avec colère, et postillonnait sur Barbet. Heureusement, le commandant écossais changea le cours de ses idées ; il s’approcha, rougit, et fit voir l’heure sur sa montre. Alors le général, ses dents sorties, esquissa un large sourire, et tendit la main à Barbet et au superbe Si Hadj ben el Haouri, tandis que de l’autre il fouettait vigoureusement sa botte avec son stick. On se sépara. Le commandant reprit son pas alerte : un, deux, un, deux, et ces messieurs suivirent.

Visite des stands pour les tirs ; visite du gymnase ; visite des dortoirs, réfectoires et bureaux ; visite d’écuries ; visite des cuisines, et tout cela dans le détail, avec la patience minutieuse anglaise, mais tout cela tambour battant et au pas