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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

général se leva et l’air soucieux demanda au commandant de quoi il s’agissait.

À voix basse ils échangèrent quelques phrases. Alors le général regarda ses bottes avec fixité, et annonça enfin mystérieusement à ces messieurs qu’ils étaient « dans une école d’officiers ».

Il se promena ensuite de long en large, et se décida à dire que si cela les intéressait, il pourrait les faire assister à une séance-exercice.

— Oh ! mon général, se permit de murmurer Barbet avec émoi, votre offre sera d’autant mieux accueillie que c’est la grande presse parisienne qui m’envoie et que, m’étant personnellement occupé de questions militaires…

Il n’acheva pas sa phrase, dérouté par l’air complètement obtus du général qui, avec ses dents sorties et sa visière lui emboîtant le front, ne donnait aucun signe d’intelligence extérieure. Il avait de gros yeux ronds, une petite moustache hérissée et ramassée sous le nez qui semblait démangé d’une envie d’éternuer, et sa veste courte dégageait un derrière niais sur des jambes démesurées.

Il resonna. Une ordonnance parut, lui apporta un stick, duquel il fouetta sa botte, et il sortit le premier, priant les trois visiteurs de le suivre.