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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

yes… ils vont enseigner pour les autres le vrai guerre que ils ont fait, afin les autres ils aient dans les yeux les choses terribles que un doit pas faire.

Et Barbet, au lieu d’assister à des exercices artificiels ou d’entendre des théories abstraites, vit des soldats ayant la cruelle expérience du front, jouer devant ces jeunes troupes, et dans tous les détails, la tragi-comédie de la guerre.

Un sergent, dans cette tranchée du cirque, réveille un fantassin qui fait semblant de dormir. Il le secoue : « C’est a toi de prendre la faction. » L’autre se frotte les yeux et dit : « Non, pas à moi !… Pourquoi toujours à moi ?… De sitôt que ce sera à moi… » Il fait mine de se rendormir. Alors, impératif, le sergent le pousse par l’épaule et le colle au créneau. Le soldat est furieux, hausse les épaules, tape du pied.

— Vous voyez, mongsieur, n’est-ce pas, il joue bien son rôle, dit en s’épanouissant le capitaine.

Et en même temps, il annonça à ses jeunes hommes : « Attention ! Guettez bien. Il est de mauvaise humeur ; il va faire une sottise ! »

Il ne se passe pas deux minutes avant qu’il la fasse, et elle est terrible car, rageur, il lève la