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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

creux, au fond duquel était construit un abri souterrain, où ces messieurs, à la suite de l’officier, plongèrent. Un trou dans la terre était ménagé pour la vue. Le commandant leva un doigt. On entendit un sifflement, puis comme un écrasement mou, suivi d’une explosion formidable, et Barbet, suffoqué, et le superbe Si Hadj ben el Haouri, tressaillant, virent à vingt mètres la terre s’ouvrir et sauter.

Barbet prit le temps d’avaler sa salive, puis il murmura :

— Diable !… C’est du tir réel !

Encore vingt fois des explosifs furieux vinrent, au milieu de lourds flocons d’une fumée noire, déchirer le sol et l’émietter en l’air. Et Barbet remarqua :

— C’est quand même effrayant ce qu’endurent nos poilus !

Le commandant comprit-il bien ? Il se tourna vers le journaliste et répondit par un bon rire.

Après quoi, sur un appel du dehors, les trois visiteurs sortirent de l’abri, et au pas cadencé, ils longèrent des baraques où l’on voyait des Anglais paisibles ranger des caisses en métal blanc ; puis ils arrivèrent à une butte de terre, en haut de laquelle il y avait, sur de hauts châssis de bois