Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

expliqua ce que ces hommes faisaient. Barbet, comme entraîné par ces consonances anglaises, répondit avec un grand sérieux :

— Ah ! Very intéressant !

Un, deux, un, deux. Le commandant repartit de son pas militaire. On traversa un petit bois de sapins noirs. On grimpa, et on redescendit une colline de sable blanc, puis on arriva devant des trous dans lesquels une trentaine de soldats s’exerçaient au tir de ces petits canons qu’on appelle dans notre armée des « crapouillots ».

— Yes. Yes. Very well ! affirma Barbet.

Quant au superbe Si Hadj ben el Haouri, il n’eut le temps d’avoir qu’un soupir d’admiration, car les crapouillots partirent à la fois, lançant vers le ciel des projectiles qui n’étaient pas chargés, et qui devaient servir simplement à montrer à ces messieurs la courbe décrite.

Le commandant écossais se tenait en haut de la tranchée d’où les hommes tiraient. Il avait pris une digne attitude, un poing sur la hanche. De sa main gantée il désignait, dans le ciel bleu, le trajet des petits obus, et le vent, léger, agitait le ruban de son bonnet comme en signe d’allégresse.

Barbet se sentit conquis. Mais, tout de suite, à travers la lande de bruyères, on gagna un vaste