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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

veillé. Il voyait là une preuve admirable de science et de discipline militaire. Puis, ce major écossais avait le visage rouge, des lunettes d’or brillantes et tout un costume spécial qui retenait l’attention ; le superbe Si Hadj ben el Haouri resta médusé. Barbet aussi subit malgré lui le prestige de cette servitude volontaire et de cet habillement étonnant ; à la réflexion « un kilomètre à l’ouest de la gare », cela lui parut sentir son esprit manœuvrier, l’habitude des cartes, de l’orientation, de l’ordre exécuté avec minutie. Et fort courtoisement il salua.

— Oh ! merveille ! fit le superbe Si Hadj ben el Haouri, commençant de suivre l’officier écossais. Que Dieu conserve ce commandant !

Ce commandant avait le pas preste et cadencé. Sur ses fortes jambes nues et velues, sa petite jupe à carreaux s’agitait par la marche. Pour tenir ses bas, sous le genou, il portait, comme au grand Siècle, des canons rouges. Sur son ventre pendait un sac en poil de chèvre, orné d’une tête de cerf en argent, et il avait sur l’oreille un charmant bonnet de police, avec un ruban de soie noire.

Était-il intimidé de conduire des visiteurs qui lui semblaient importants ? Tout à coup, il devint