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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

redirai à ceux des nôtres qui souffrent héroïquement dans la boue et sous les obus, ce que j’ai eu la joie d’entendre sur la terre sacrée de la noble Angleterre, et je sens ainsi — car j’ai toujours eu la fierté de mon métier de journaliste, — que mon modeste voyage sera pourtant l’occasion d’une amitié plus fervente entre nos deux grands pays !

Quand Barbet eut terminé, le Ministre du Ravitaillement qui, hélas ! n’avait rien saisi, s’inclina une fois de plus. Le Commodore se curait les dents ; il fit un sifflement approbateur de sa langue, appuyée sur ses grosses molaires ; M. John Pipe avait un sourire attendri ; et tous les marins serveurs, debout, raides, semblaient vraiment impressionnés.

Cette apostrophe patriotique de Barbet, c’était l’achèvement de la visite a Harwich. Barbet se sépara des marins, enchanté d’eux parce qu’il s’était senti lui-même éloquent et admiré. À l’heure du départ, le soleil inondait de ses rayons le ciel, la mer et la terre. Tous les vaisseaux de la marine britannique brillaient en rade ; de la joie et de l’espérance flottaient sur toutes choses. Et Barbet, aux côtés du Commodore, répétait avec un front plissé comme un penseur :