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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

La vedette était comme lui, trépidante. Elle allait, revenait ; sur l’ordre de l’homme à la mâchoire de requin, elle s’essoufflait à traverser la rade en tous sens ; elle accostait a un quai pour faire voir à ces messieurs une grosse mine allemande pêchée la semaine d’avant ; elle repartait en pleine eau jusqu’à un vieux dragueur plein de poulies, de cabestans, de fils et de filets, routier de l’océan, pouilleux d’aspect, mais qui s’était couvert de gloire en allant plus de cent fois au devant des mines pour les cueillir avec cette prudence et cet esprit de ruse tranquille qui se lisaient sur la tête de ses vieux loups de mer.

Le temps de recevoir un nouveau grain, de se prendre le pied dans des cordes, on remonta dans la vedette, teuf teuf, teuf teuf. Et elle fila de toutes ses forces vers les phares de l’entrée de la rade, vers la haute mer, vers un destroyer.

Navire mince, celui-là, agile, léger, qui doit attaquer avec audace ou s’esquiver avec adresse Le risque-tout des batailles, au repos il est sympathique, car il garde un air fier et hardi. Lorsque la vedette vint se ranger tout contre, on eût dit que ce petit navire était tout chargé de piles et de timbres électriques, car il se mit à sonner de partout. Alors, par trois ouvertures, sur le pont