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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

M. John Pipe qui avait des larmes plein les yeux. Je me sentais anxieux ; je trouvais ce guerre si affreux… je plains fort mon fils et ses générations !

— Lui ne se plaint pas, monsieur Pipe, c’est un vaillant allié !

Comme si ce dernier mot lui déplaisait un peu, brusquement M. John Pipe changea la conversation :

— Parlez-vous anglais, mongsieur Bâbette ?… est-ce que, déjà, Londres vous a donné plaisir ? désirez-vous fumer ?

— Hélas ! je ne fume jamais, dit Barbet ; je parle… peu l’anglais, et… Londres certes m’a paru remarquable.

Ils avaient tous deux pénétré dans la petite pièce de la machine, qui était simplement un enregistreur télégraphique, et, s’asseyant, M. John Pipe, avec des yeux brillants, demanda : « Que voulez-vous dire, vous dites remarquable ? »

— Mon Dieu ! fit Barbet qui prit, dans un fauteuil d’osier, une pose avantageuse, Londres m’apparaît si différent de Paris ! Paris, le Paris de guerre… c’est la mort !

— Oh !… réellement ? dit John Pipe, hochant la tête d’un air de lourd regret. Moi qui me rap-