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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

qu’il compte sur moi, le patron ! Je vais le voir, je l’attends, je l’attendrai ce qu’il faut !

Il marchait de long en large, fauchant l’air de sa canne.

— Je lui redirai les paroles du Ministre : « Avec les sous-marins boches, monsieur, c’est la famine du monde ! Quant aux Anglais : des impuissants ! » Et allez donc ! Alors assez de délayages, hein, sur leurs régiments de mules, leurs harnachements neufs, leurs hangars de corned beef, leurs « Crèmes de Menthe », et tout leur tremblement de balançoires qui n’émeut plus que des potards de province, rendus gâteux par la lecture des magazines ! Je ne suis pas un optimiste, moi ! ni un pessimiste, moi ! mais je suis un réaliste, moi ! Des faits… connais que ça !

Maudauphin approuvait de la tête. Barbet se rassit, et avec un rire de gorge :

— Vingt ans de journalisme, ça donne tout de même une petite expérience des choses et des gens !

Il se remit debout, enfonça son chapeau sur sa tête, et commanda :

— Mondauphin, préviens le patron que je suis là ! Ton officier anglais, je m’en bats l’œil !

— M’sieur Barbet, c’est peut-être pas un An-