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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

lisaient tous en paix des magazines. Mais Barbet, en imaginatif, se figurait ces gens flottant parmi les remous des vagues, et il confia au permissionnaire, prenant familièrement son langage :

— Moi, pour moi je m’en bats l’œil. Mais il y a des types, dans leurs ceintures, ils se retournent ; et alors ils flottent les pattes en l’air, avec la tête à un mètre sous l’eau.

— Ah ! ça, alors, dit le permissionnaire, c’est pas l’filon !

Barbet reprit :

— Et il y a encore les hélices… il paraît que les hélices, ça fait de l’ouvrage… ça vous broie un bonhomme comme s’il était en mie de pain.

— Ah !… Ah ! dis donc ! fit le permissionnaire.

À ce moment, une sonnette sur le pont, grelotta. Barbet dressa l’oreille.

— Pourquoi sonnent-ils ?

Deux marins prirent des longues-vues. Barbet mit ses mains sur ses yeux.

Les mouettes, qui faisaient escorte, passaient et repassaient, blanches dans la fumée noire des cheminées ; on eût dit que, de leurs petits yeux, elles avaient vu soudain des choses menaçantes, et tout le monde, durant quelques secondes, fut