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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

Puis, il se tourna de nouveau vers l’officier :

— Je crois, mongsieur, le guerre c’est mille choses variées : c’est le bataille, ses habituelle préparationes, le victuaille et les munitions que mongsieur Bâbette il a vues. C’est aussi le attaque, le victoire, et le terre bien-aimée reconquis, que mongsieur Bâbette il a constaté. Et c’est aussi le tommy reposé des combats que on soulage dans ses blessures, et que mongsieur Bâbette il a admiré. Et enfin, mongsieur, pour passer le temps, vous voyez — tant que on est pas mort c’est l’important affaire — pour passer le temps il y a aussi les histoires très drôles que on raconte au milieu de épouvantables choses.

Le bruit d’une sirène partit dans l’air.

— Mon bateau ! cria Barbet.

— Pressez pas, dit le major, il reste deux minutes au moins, et je veux vous dire devant mongsieur l’officier français, une histoire très drôle.

La sirène continuait. Ils étaient bousculés par des portefaix. Mais, aussi naturel que s’il fût à causer paisiblement dans un jardin, la figure illuminée par ce qu’il allait dire, James Pipe reprit :