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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

beaucoup. Sa figure, exprimait une très fine politesse.

— Mongsieur, dit-il à l’officier, après un salut très correct, seriez-vous assez bon, voulez-vous, me permettre un mot à moi ?

— Mais, monsieur… deux si vous désirez.

— Je vous remercie, mongsieur… Mongsieur Bâbette, mongsieur, il fut reçu, à l’armée anglaise par un major (il se désignait du doigt) de l’État-Major, et non point un officier du fossoyement. Dans le vie ordinaire, vous voyez, il y a bien aussi des morts partout, et on sait jamais combien, si on n’est pas au bureau funéral. À la guerre, pourquoi pas pareillement ?… Il faut être plus fort que l’ennemi, vous savez, et que le mort que il nous envoie… Et alors il faut être orgueilleux, et c’est dans son maison il faut pleurer, mais jamais dehors, de peur les espions ils entendent et ils se réjouissent.

Le gros monsieur qui causait avec lui la minute d’ayant, écoutait, médusé. Le major dit : « Je vous présente mongsieur Hémard, de Boulogne, voulez-vous ? » Et aussitôt, comme s’il n’attendait que cette introduction, M. Hémard s’inclina, souffla, puis, fouillant dans son portefeuille, passa un papier qu’il reprit, disant : « Non,