Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

ceux qui veulent un mouchoir ? » il demanda en anglais, d’une voix sans émotion mais aussi sans prétention, d’une bonne voix réfléchie qui juge l’homme à sa mesure :

— Qui sont ceux ayant besoin des secours de la religion ?

Barbet trouva cet homme unique. Il eût voulu deviser sur son cas, mais James Pipe l’entraînait au bureau des passeports, à la salle des douanes, au guichet des billets.

— C’est vrai, se dit-il, je m’embarque ! Je vais le quitter, ce brave major ! Il faudrait pourtant que je lui dise quelque chose de bien, à cet homme qui a été étonnant pour moi depuis deux jours, et dont je veux me faire un ami, avec qui je veux rester en relations, que je… Oh ! pardon, monsieur !

Il se cogna violemment dans le ventre d’un officier français, qui protesta puis le reconnut :

— Barbet ? Qu’est-ce que tu fiches ici ?

C’était un rédacteur du journal, depuis deux ans au front.

— Toi, par exemple ! fit Barbet. Alors, mon vieux ?

— Tu es avec les Anglais ? dit l’autre.

— Mais… tu vois… reprit Barbet, gêné comme