Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

d’un homme privilégié qui sait des secrets. Au tournant d’une rue, comme l’auto était bloquée, il cria : « Laissez-nous passer, sacrebleu, nous allons au bateau, nous ! »

— Chut ! dit James Pipe. Il faut jamais parler bateau.

— Je n’ai pas dit l’heure, reprit Barbet.

Mais un homme qui barrait la rue avec sa barrette à bagages grogna :

— L’bateau ? V’s aurez toujours le temps ! Il part qu’à deux heures.

— Comment deux heu… ?

Dans l’intérêt de la France et de l’Angleterre, et pour éviter un drame sous-marin, Barbet contint son étonnement mais il poussa le coude du Major.

En trois minutes ils furent sur le quai. Là, ils se précipitèrent chez un général anglais, qui trône dans un bureau enfumé, à côté de la douane, James Pipe lui parla bas, et l’autre, qui ne savait rien, ne put répondre. Ils ressortirent. Un commissionnaire leur dit :

— Ces messieurs ont des bagages ?

Alors Barbet de demander :

— Sauriez-vous l’heure du bateau ?

— Tout le monde la sait. Deux heures.