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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

pas, on les ordonnait par blessures, afin que, ils souffrent même chose. Car si, à l’hôpital, le voisin il plaint sur sa tête, pendant que moi je endure martyre par le estomac, cela n’est pas désirable, et c’est trop de infortune ensemble. Il faut mieux tout le monde dans une salle il soit pareil ; alors si quelqu’un il est mieux et le dit, les autres ils osent plus être mal et ils font mieux aussi.

Il entraîna Barbet vers une tente où il n’y avait que des blessés à l’abdomen ; dans une autre, les hommes étaient atteints aux jambes ; et, sortant d’une dernière où les toiles étaient soulevées pour que l’air y circulât, il dit :

— Gangrène… mais ils vont aussi très bien à cause… Comment vous dites pour aération ?

— Euh !… Aération.

— À cause donc d’aération, ils savent pas leur odeur : ils ignorent ; donc, ils ont bon esprit pour guérir.

Pour la seconde fois, il exprimait ainsi l’importance du moral chez des hommes gravement atteints, et il s’expliqua mieux encore, emmenant Barbet sous une tente en grosse toile huilée, où la lumière tamisée dorait les choses et les visages.