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GRANDGOUJON

— Vous étiez trop fort.

— J’ai aussi des diarrhées…

— Montrez votre chemise… Il n’y a rien dessus… Caporal, homme à surveiller : simulateur… Au suivant.

Grandgoujon se sentit poussé. Il sortit en se culottant. Le sergent le rattrapa.

— Par ici… votre escalier !

Grâce à Dieu, Quinze-Grammes le soutint dans cette nouvelle épreuve :

— On va l’faire à deux : t’bile pas ! Puis, je te procurerai une marraine.

Mais Grandgoujon était atteint : même plus capable d’une colère. La cervelle en déroute, il cherchait un rapport entre tant de paroles violentes et la Défense Nationale. Il n’était pas doué d’esprit philosophe. Il ne savait pas s’abstraire des détails : il ne rit même pas d’entendre, à l’étage supérieur, le pochard du matin frotter les marches en chantant : « Le travail… c’est la liberté ! »

— J’en claquerai, dit-il simplement.

— Ah ! reprit Quinze-Grammes, gras comme te v’là, t’es pas une nouille !… Pis t’as qu’à aller aux cabinets !… Là, ils peuvent rien t’dire, ou alors tu leur fais dans la main.

Grandgoujon, à cette raison, se redressa :

— J’y vais.

Il y alla à pas de tortue, et il ruminait : « À quarante ans, être forcé d’aller là… pour rien ! »

Mais il revint, presque heureux :

— J’ai vu une inscription admirable !