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GRANDGOUJON

coliques : eux s’assirent par terre, contre le mur et dans le soleil, Grandgoujon avait une ombre piteuse, qui traînait sur le sol.

— T’as ton livret ? dit Quinze-Grammes.

Grandgoujon le tendit.

Quinze-Grammes lut : Rue Denfert-Rochereau.

— Sans blague ? Mais j’ai des connaissances qu’habitent là ! Tu connais les Sablons ?

— Je quitte Madame à l’instant, dit Grandgoujon.

— Non ?… ça… ah ! ça alors ! dit Quinze-Grammes… mais elle a un mari que ma sœur y travaille.

— Vrai ?

— Et tu parles d’un bourreur de crânes ! Ces boniments à la graisse d’oie ! Mais… t’es-t-il bien avec sa dame ?

— Elle est gentille, fit honnêtement Grandgoujon.

— Ça y est ! Lui aussi ! dit Quinze-Grammes.

— Oh ! bredouilla Grandgoujon, en tout bien tout honneur !

— J’t’en souhaite ! dit Quinze-Grammes. Alors c’est pas comme l’autre, l’loufoque qui traîne chez eux, et fait des phrases qu’on s’croirait toujours à des séances au Trocadéro ?

— Colomb ?

— T’l’as dit, bouffi !… Ben t’occupe pas, il en joue un air !…

D’une voix blanche, Grandgoujon reprit :

— Es-tu sûr ?

— Tu d’manderas à Moquerard.