— Désirez ?
Grandgoujon sortait sa feuille, mais le sous-off, attiré par l’ivrogne, reprit :
— D’où t’arrives, toi ? Quelle haleine !
— J’ai bu un lait d’poule, marmonna l’homme lyrique.
Le sergent eut un rire vulgaire ; et l’autre dit, fâché :
— Pourquoi tu rigoles ?… J’suis pas libre de boire un lait d’poule ?
— Prière de ne pas me tutoyer, dit le sergent.
— Sans blague ?
— Et saluez !
— Mais j’suis un vieux, moi, mon vieux !
— Ici y a pas de vieux. C’est au grade que vous obéissez !
— Qué grade ?
— Il est saoul comme une bourrique ! Rentrez-le. Allons, et signez sur le registre. Sais-tu signer ?
— J’sais faire mes affaires.
— Alors, vas-y !… Tonnerre de chien, pas si gros !
— C’est l’registre qu’est trop p’tit.
— Ah ! dit le sergent, sacré pirate !… Faites-le s’allonger d’sus la planche, et qu’il cuve son lait de poule.
— Mon…
— Couché !
— Oh ! ça va…
L’homme s’étendit avec une fière nonchalance. Le sergent se tourna vers Grandgoujon.