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GRANDGOUJON

— Tu prends ?

— Un tonique, dit Colomb.

— Garçon, deux quinquinas !…

Grandgoujon prit largement possession d’une table, et allongeant son bras jusqu’à celui de Colomb :

— Alors… vrai ?… tu peux quelque chose pour moi ?

— Vous disiez à Monsieur Punais que vous étiez chez Creveau… Il est intime avec le ministre.

— Creveau ?

— Allez le trouver. Dans les vingt-quatre heures vous serez où vous voudrez, donc où vous devez être.

— Mais, dit Grandgoujon qui changeait de couleur, sous quel prétexte ?…

— Mon cher, intéressez-le à mes œuvres ; qu’il vous détache chez moi. Je veux faire de grandes choses : je n’ai que de petits moyens.

— Hélas ! dit Grandgoujon, c’est bien français !

— Tenez, continua l’autre, aujourd’hui je vous aurais eu : je vous chargeais d’une mission… Une visite à une dame.

— Une dame ?

— Une bonne âme… J’ai besoin de cent francs… Ce n’est pas le diable… J’aurais cent francs, je sauverais une femme.

— Une femme ?

— Une pauvre femme.

Grandgoujon songea, rougit, se gratta le nez :