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GRANDGOUJON

Colomb s’était levé. De ses mains sur ses côtes il appliquait sa jaquette.

— Votre fils, Madame, est mieux qu’un boute-en-train : c’est un cœur !

— Sacré Colomb ! dit Grandgoujon, et lui c’est un flatteur !

— Il vibre, Madame ! il est bien français ! dit Colomb, d’une voix claironnante.

— Brave vieux ! s’écria Grandgoujon. C’est vrai que j’aime la France, mais qu’est-ce qu’on dira de toi ?

— Je ne suis, dit Colomb, qu’un homme qui fait son devoir.

Et il s’inclina :

— Mesdames… mes hommages.

— Au revoir, tite mère ! dit Grandgoujon.

Il l’embrassait, en s’attardant, puis il serra la main de Madame Creveau entre ses grosses pattes.

— Portez-vous bien, chère Madame.

Tout adieu, pour lui, était une gentillesse. Et sa mère, sensible, qui n’aimait pas les séparations, était ragaillardie par ses au revoir.

— Adieu, petit… ne rentre pas tard.

Il dit : « As pas peur ! » Mais dès qu’il fut sur le palier, il demanda à Colomb :

— Vieux… Madame Punais… des…

— Des Sablons.

— Comment la trouves-tu cette femme-là ?

Colomb avait descendu trois marches : il se tourna.

— Un ange !

— Bravo ! dit naïvement Grandgoujon. Moi, je