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GRANDGOUJON

— Eh bien, nous ferons demander à cette dame…

— Cette dame !

Il ricana, menaçant le plafond :

— Elle doit avoir une jolie trompette !

Madame Grandgoujon s’agitait, tremblant à l’idée que peut-être Mariette écoutait derrière la porte. Puis, d’une voix blanche :

— Si un jour elle nous quitte, j’entre dans un couvent !

Mais Grandgoujon n’était plus susceptible de s’attendrir. S’adressant à Madame Creveau, il enrageait :

— Est-ce dans mon bail que je suis forcé d’entendre la Marche Turque ? Il ne s’agit pas de Mariette, dont je me fiche…

— Poulot !

— Ni de la concierge dont je me contrefiche…

— Petit !

— Mais la créature du dessus…

Il tendit le poing :

— Cette toupie va voir !

Cette fois, il bondit dehors, et qu’il se fût ou non surexcité, sa colère était bouillonnante. Il monta l’étage deux marches par deux marches, se jeta sur la sonnette ; une domestique ouvrit ; et avec un geste comme pour un serment :

— Je veux parler à Madame !

Elle n’eut pas le temps de l’introduire que Monsieur parut ; il sortait toujours dès qu’il entendait sonner, craignant qu’on n’ouvrît pas assez vite. Il s’élança vers Grandgoujon :