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GRANDGOUJON

— Sur l’ordre du citoyen que tu m’as engagé à revoir.

— Qu’est-ce que tu racontes ?

— Il m’a traité de cochon et il me régénère en m’envoyant au feu !

— Mais… qu’est-ce que tu lui as dit ?

— Moi ?… Rien… J’étais cuit !

— Mais… mais… voyons, on ne vous met pas en première ligne…

— Demain, tu entends ! Il connaît le ministre ! Tu le sais, puisque tu as été le premier à me l’annoncer. Alors il est un des hommes qui mènent les autres, et… les autres… sont des bouchons.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

Le chat miaulait.

— C’est à toi, ça ?

— C’est un chat tombé.

— Tombé ?

— D’un troisième… sur moi… C’est ma veine, hein ?

— Comment ta veine ? dit Colomb, qui essayait de se donner la mine d’un homme qui réfléchit.

Et il passa la main sur le chat. La bête sortit ses griffes.

— Sauvage ! cria Colomb.

— Dame, fit Grandgoujon, qui recula pour lui éviter une tape, ça ne l’a pas mis de bonne humeur ; et encore, il n’est pas mobilisé !

Il prononça ces mots d’une voix qui fit dire à Colomb :

— Allons ! Allons ! Tout de même, tu es un