faisait couvercle sur la cervelle : cet homme cynique le jetait au danger, et il allait être tué : il en eut un étourdissement. Traversant la première chaussée, ce fut miracle s’il ne passa pas sous un fiacre. Le cocher lui déversa une potée d’injures et le menaça de son fouet : il s’enfuit.
Comme il allait à la dérive, prêt, dans cette minute, à recevoir n’importe quel coup de la fatalité, il ne fut nullement surpris qu’une masse noire tombât d’une maison sur lui. Il sauta ; il l’avait reçue sur l’épaule ; elle gisait à terre ; c’était un chat miaulant.
Suffoqué, il tendit la main vers cette bête, et la ramassa ; puis il entra dans la maison devant laquelle il passait.
Une concierge cria :
— Encore Guillaume qu’a dégringolé ! C’est l’vieux du troisième qui l’fiche par la fenêtre. Il en veut plus, depuis que son fils a été tué.
À cette nouvelle funeste, Grandgoujon retrouva la parole, il tenait le chat dans ses mains.
— Il n’est pas écrabouillé…
— C’est en caoutchouc ! dit la concierge.
— Mais, balbutia Grandgoujon, il ne faut pas le rendre à ce monsieur… s’il n’en veut plus ?
— Voyez-vous ça ! reprit la concierge. Et vous vous en chargez ?
— Quoi ?… Qui ?… Si moi je m’en charge ? Mais… d’abord, est-ce un chat abandonné ? dit Grandgoujon, de la même voix agressive.
— Pisque je vous le dis ! cria la concierge.