désordonnée. En montant l’escalier gluant de cette maison, emplie jusqu’au faîte par une odeur de cave, Grandgoujon se sentit froid. Il sonna, et, timide :
— Monsieur Creveau est-il chez lui ?
Il ne connaissait pas la domestique.
— Monsieur se lève, dit celle-ci.
— Faites-lui toujours passer mon nom… Son ancien secrétaire : Grandgoujon.
Elle s’enfonça dans l’appartement, laissant les portes ouvertes, et alors il entendit la voix grossière de Creveau s’élever et dire :
— Comment est-il ? Un gros ?… C’est l’embusqué ! Je ne suis pas là.
— Mais… balbutia la femme de chambre, j’ai dit…
— M’en fous ! lança Creveau. Envoyez-le se battre ; après, on verra.
Un lourd silence suivit cette déclaration. Grandgoujon avait le cœur qui sautait. Dans l’antichambre sombre, il risqua deux pas jusqu’au bureau d’où venait une clarté, quand, de loin, Creveau reprit :
— Il en a du culot ! Après deux ans et demi il sort de sa ouate, et il ose se présenter chez les honnêtes gens. Voulez-vous, je vous prie, me le foutre sur le palier !
Avant de le voir, d’une voix sans couleur, Grandgoujon balbutia :
— Mais, patron…
Creveau entendit-il ce murmure ? Il se mit à marcher :