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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

en scène, lui donnant l’occasion de déployer son génie.

Cet homme étonnant vient de terminer les hors-d’œuvre en luttant contre un pessimiste imaginaire :

— Non ! s’écrie-t-il. Je vous dis que la bonté existe dans le monde !

Il fait chanter les mots :

— La Parisienne de Becque est une chose inutilement, cruelle.

Ses narines s’épatent.

— Je connais les Parisiennes ! Pour que cette pièce-là fût vraie, il faudrait, après les trois actes que nous connaissons, que cette femme, dans un quatrième, se rachetât. Moi, je veux bien le faire, le quatrième ; je le vois ; je le sens ! Il y aurait un enfant malade. Et elle serait au chevet de cet enfant, et elle dirait, le cœur bouleversé : « C’est fini !… je n’irai pas ! Non ! Non ! Plus de rendez-vous ! Je suis la Parisienne : tête folle à mes heures, mais cœur de mère d’abord ! »

Cette déclaration dramatique a figé le garçon.