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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

— Il galope… toujours ! C’est terrible !

Et je le vis faire alors une chose paternelle et émouvante. Il courut à son écurie, et il en ouvrit les deux portes grandes, pour que sa bête s’y jetât, quand elle apparut harassée, les naseaux rouges, les flancs battants, noire de sueur. Elle galopa jusqu’à sa litière vraiment, où elle s’arrêta d’un coup, tremblant sur ses pattes fines, tandis que Mitifio donnait sur la mangeoire, et que le marquis promenait déjà une main douce et caressante le long du poitrail de ce cher animal, dont il cherchait le cœur intrépide.

Mais Antoine avait sauté de l’auto : il exultait :

— Ils ont été épatants ! Lui a galopé, comme un dieu, et l’autre tourné comme un diable — dans le grand vent, qui les empoignait et avait l’air de leur f… des couleurs ! C’était prodigieux ! Quand on verra ça sur l’écran, une bouffée de Camargue entrera dans la salle !

C’est bien elle qui l’a grisé. Il est rouge de hâle, transpirant d’émotion. Il fait partie, à cette minute,