Il tire sa tabatière et offre au marquis.
— Oh ! merci…, dit ce dernier, fiévreux, en regardant la route. C’est qu’un cheval, ça ne se fabrique pas en deux jours. Ils ne savent pas ce que c’est qu’un cheval !
— Mais si !…
— Eh ! non !
— Ah ! mon Dieu ! dit encore l’apaisant régisseur, qui se met une cuiller de tabac dans les narines.
— Voyez ! fait le marquis, il galope… Il suit l’auto ! Un cheval, ce n’est pas fait pour galoper !… Tenez, on ne les voit plus… Ils vont me le crever !
À cette minute, je regarde bien le marquis, et je le comprends : la passion parle, sans fard, ni précaution ; il est tout lui-même : il n’est plus ni prudent, ni méfiant, ni aimable.
— C’est que, dit-il, fronçant les sourcils, ramassé sur son inquiétude, — je connais ces petits chevaux-là. Ce sont des bêtes nobles et d’un sang