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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

toujours gracieux, toujours souriant, toujours en chemise rouge :

— « Messieurs, si vous voulez entrer… »

On entre… et on ne voit plus rien. L’air du dehors est si lumineux que nous arrivons tout maladroits devant la femme et la fille du marquis, qui nous attendent en Arlésiennes. Leurs robes, châles et coiffures, sont d’une élégante recherche, mais le couvert, sur une table sans nappe, est mis simplement, frugalement, à la bonne façon campagnarde. Il y a là un contraste charmant. Ces deux femmes, dans leurs costumes apprêtés, sont à elles seules une fête provençale, et le repas est celui qui convient à la vie qu’on mène sur cette terre, sobre et nue, qu’est la Camargue.

Antoine, en s’asseyant, regarde autour de lui. Il y a des dessins au mur, des photographies aussi, qui sont les images de la vie des troupeaux : Taureaux surpris par l’orage. — Une ferrade. — Un départ pour les courses. Et, dans un coin, voici mes Sioux à qui je songeais : têtes de chefs indiens, les