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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

— N’approchez pas, dit-il, les taureaux se sauveraient !

— C’est épatant ! répète Antoine.

La troupe est descendue d’auto. Elle vient nous retrouver. Le marquis est charmant avec tous, quoique son sourire soit de convention et que son œil se méfie.

— Monsieur Antoine, balbutie-t-il, — il a un petit rire avant chaque phrase, — vous me ferez bien l’amitié de partager mon repas modeste… Je ne peux malheureusement point inviter toute votre aimable troupe, mais je tiens à vous avoir… ainsi que monsieur le régisseur…

— Trop aimable ! dit ce dernier.

Là-dessus, le marquis s’excuse, rit encore, rentre dans la maison : Antoine expédie la troupe à l’auberge des Saintes-Maries-de-la-Mer, où le Sociétaire part en disant :

— Vous me laisserez commander, les enfants, et vous verrez avec moi comme on mange !

Et, un quart d’heure après, le marquis reparaît,