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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

rir et mourir. Mur blanc, contrevents verts, une porte en treillis fin qui défend des moustiques. Au bruit de nos pas, cette porte s’ouvre et un petit homme paraît, vêtu d’un pantalon en toile écrue et d’une chemise rouge vif, sur laquelle sont semées des fleurettes blanches et bleues. Il est mince, souple, cocasse. Il a deux petits yeux aigus, dans un visage halé, que surmonte un cent de cheveux, comiquement peignés en deux coques que sépare une raie soignée. Il s’avance avec cérémonie. Une lettre d’Antoine l’a prévenu de cette visite. Il ne perd pas de temps. Après trois sourires d’usage, il dit :

— Alors… si vous voulez voir les chevaux et les taureaux ?

L’étrangeté du paysage et de l’homme, l’odeur du vent, la pauvreté des choses, tout surprend : il faut se ressaisir pour se croire en France ; je songe à de merveilleuses histoires de Sioux…

Mais à la suite du marquis nous tournons le mas, enjambons quelques mares d’eau salée, et,