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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

traîne. Quel ciel ! Quelle mer !… C’est beau que c’en est effarant !

Il le pense avec une sincérité si fervente que sa voix frémit. Mais comme tous les délicats, il a peur d’être sensible ; alors, goguenard, il dit au chauffeur :

— Le marquis, où est-ce qu’il perche ?

L’homme désigne un point blanc sur la plaine.

— Bon, j’y vais à pied ; roulez ; je vous rejoins.

Et comme je marche à côté de lui, dans l’air de la mer, qui, pour l’odorat et l’imagination, est un enchantement, il m’explique :

— Nous allons chez un « bonhomme » qui possède des chevaux et des taureaux. Je vais y chercher des « accessoires ». C’est un marquis !

Il ajoute :

— Je ne sais pas ce qu’il a foutu de son marquisat. Je sais seulement qu’il est éleveur. J’espère que ça va être rigolo !