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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

Rues d’Arles. Remparts. Campagne. La matinée est légère et radieuse. Voici Montmajour, Fontvieille ; voici le mas. On descend. On sort les appareils. Et Antoine de s’émerveiller :

— Celui-ci est épatant ! Il a l’air devoir dix objectifs. Il vous braque, vous tient. Pas besoin de vous dire qu’il vient d’Amérique…

Une brise lui apporte l’odeur des foins coupés, qui forment deux meules auprès du mas ; il la respire avec volupté. Ce coup d’air parfumé, c’est un élan à toutes ses facultés qu’engourdissait un rien de mauvaise humeur.

— Ce mas est fantastique !

Il rôde autour, tandis qu’on monte les appareils. Il place Vivette, la Renaude. Le paon fait son apparition.

— Ah ! dit l’opérateur, il va nous boucher tout, celui-là !

Et il fait : « Ch !… Ch !… »

— Comment ! Comment ! crie Antoine furieux, vous n’aurez jamais rien d’aussi beau, monsieur !