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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

Cette éruption féminine apaise Antoine sur-le-champ. Il reprend, très doux :

— Inutile de vous fâcher…

Et à la cantonade :

— Il n’y a plus rien dans ce pays, ni Arlésienne, ni gardiens ; tout ça, légende et bobard !

Il tire un billet de cent sous.

— Madame, je n’aime pas déranger les gens pour rien. Donnez-moi… n’importe quoi… des espadrilles.

Le régisseur entre dans la boutique. Il demande :

— Trouvez-vous quelque chose ?

Antoine, écœuré, répond :

— Il n’y a plus rien à trouver. Immense bobard !

Le régisseur saute sur le mot comme un chat sur un oiseau.

— Ah ! n’ai-je pas été le premier à vous le dire ?… Tartarin ! C’est un pays où il ne faut rien prendre au sérieux…