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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

pavés romains. Cocher, sortez-nous de cette rue, bon Dieu ! Je veux voir les ruelles ; menez-nous dans les ruelles, ce qu’il y a de plus sale et de plus fripouillard.

Le cocher s’épanouit :

— Le pavé, monsieur, sera pas meilleur.

— Je me fous du pavé ; je suis là pour un film. Faites ce qu’on vous demande, mon vieux… et ne raisonnez pas.

Nous descendons vers le Rhône. Brusquement, il crie :

— Ça y est ! J’ai ce que je veux ! Magnifique ! Benjamin, regardez ça !… Et vous, arrêtez-donc, nom de Dieu… puisque vous m’entendez gueuler que c’est admirable !

Il descend et geint :

— C’est le dernier film que je fais. Je vais y rester. Je vais m’effondrer tout d’un coup. Ça peut d’ailleurs être épatant. Si l’opérateur n’est pas une huître, il tournera ça : Antoine râlant sur les routes… Ça peut faire de l’argent. Tous