Page:Benjamin - Antoine déchaîné, 1923.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
38
ANTOINE DÉCHAÎNÉ

Où est votre voiture ? Vous n’avez pas renvoyé votre voiture ?

— À la minute !

— Ça, c’est effarant !… Maintenant il faut retourner à pied jusqu’au Forum !… Et j’ai les reins en bouillie. Je sens que je vais crever dans la rue !

— Patron… vous n’êtes pas raisonnable, chantonne le régisseur.

Antoine se retourne, fumant :

— Habituez-vous donc, mon vieux, à des phrases qui veulent dire quelque chose ! Je suis venu ici faire un film : je cherche à faire un film.

— Est-ce une raison pour vous tuer ?

— Taisez-vous. Voilà une autre voiture… mais il n’y a pas de cocher ! Benjamin, montez avec moi !

Le régisseur met sa main en porte-voix :

— Eh ! Un cocher !

Un grand diable au teint brûlé, aux cheveux ardents, aux mollets nerveux, se tient à deux pas