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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

— Je les ai même bien vécus ! J’ai été un type bougrement heureux. Toujours su tirer au renard comme il fallait, combiner un petit train de vie paisible, gagner suffisamment, et me payer un bon cigare, chaque fois que j’en ai eu envie ! Ceci dit, j’adopte votre maison avec allégresse. On voit les Arènes : je veux bien ; je veux tout. Pendant ce temps-là, l’heure tourne et… il n’y a que le patron qui se fasse de la bile inutilement.

Il se plante devant la maison :

— Elle est épatante !

Il sort une tabatière.

— Je vais m’offrir une prise en son honneur.

Et avec une minuscule cuiller d’argent, tirée de son gousset, il se met sous chaque narine un peu de poudre de tabac qu’il renifle.

— L’embêtant, dit l’opérateur, c’est qu’il n’y a pas de balcon. N’a-t-il pas dit qu’il voulait un balcon ?

— Il y a ce qu’il dit… et ce qu’on fait, réplique le régisseur. Moi, j’admire Antoine, parce que lui-