Page:Benjamin - Antoine déchaîné, 1923.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
ANTOINE DÉCHAÎNÉ

vais avaler d’un trait, pour essayer d’emporter les saloperies que j’ai là-dedans !

Il se prend les reins, se tourne avec effort, m’aperçoit, et lance :

— Ah ! c’est vous, mon vieux ? J’ai failli crever ! Réveillé en sursaut, cette nuit, j’ai crié : « Nom de Dieu ! »

Il l’a redit avec la même truculence, qui marque qu’en effet, il n’a que « failli » crever. Il ajoute :

— J’espère être debout demain ! En attendant, vous allez suivre ces messieurs : mon régisseur… mon opérateur… Ça va vous initier au métier…

Ils sortent. Lui me retient par la manche :

— Vous allez voir des types effarants, qui commencent à ne pas en f… une datte !

Je demande : — Leurs noms ?

— Je ne sais même pas s’ils en ont un. C’est l’opérateur ; le régisseur. Pareils dans toutes les troupes. Aucune personnalité ; mais le même but : embêter le patron et faire des notes de frais ! Au revoir ! Rappelez-leur mon eau de Vittel !