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II

Cinq jours après, je débarque à Arles par un matin torride. Il me semble, dès la gare, à peine ai-je fait trois pas sur la route poudreuse, que je vais voir Antoine commander et s’agiter. Mais je tourne par les petites rues biscornues de la ville sans le rencontrer nulle part, et j’arrive jusqu’à l’hôtel, sur la place du Forum. À ce mot, que vos yeux n’imaginent rien d’imposant. Le Forum romain déjà n’était pas vaste : comme Antoine l’explique lui-même : « Cicéron et ses adversaires étaient des gens qui pouvaient se chamailler par la fenêtre ! » Le Forum d’Arles est petit et familier. Est-ce même une place ? Ce n’est qu’un carrefour ; mais quand on y a vécu, c’est le plus tou-