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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

la première qui se décida à un procès ; mais la seconde s’abandonnait à une colère farouche. Par téléphone, elle avait averti déjà tous ses amis que c’était elle la « grande cantatrice ». Elle le redit aux journalistes, ajoutant : « Que ceux qui veulent ma photographie lèvent la main ! » Puis (je tiens le fait d’une femme de chambre qui, l’ayant quittée, entra à mon service) dans ce désarroi elle reprit un œuf au miel, après lequel elle se vit forcée de se mettre au lit.

L’opérateur, suffoqué d’avoir lu « qu’il était bête comme sa manivelle », livra aussitôt son nom à la publicité et pria le Syndicat des opérateurs d’étudier si en sa personne tous les Français exerçant sa profession n’étaient pas atteints et ridiculisés.

« Le Sociétaire »… le Sociétaire n’avait rien lu. Depuis son retour d’Arles, il n’a cessé de parler. Homme épris des vieilles traditions françaises, la conversation est pour lui un devoir national. On l’entoure ; on le questionne : il ne comprend rien. Trente voix lui disent : « C’est vous ! » Trente plumes, le lendemain, écrivent : « Oui, c’est Ravet ! » Il prend une noble attitude et déclare : « Les plaisanteries de Monsieur Benjamin me laissent indifférent. Je tâche à être au cinématographe comme au théâtre : humain et naturel avec ampleur ! »