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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

Molière et La Fontaine n’ont pas eu d’autre règle. Contentons-nous-en. Laissez les « théories » aux pions qui ne créent jamais. Le vieil Homère n’a rien transposé. Il a appelé Achille Achille, Hector Hector. Permettez que de loin et faiblement je m’inspire de ce poète éternel, et que j’appelle Antoine Antoine, au lieu de le désigner sous un nom rocambolesque, en le mêlant à des aventures que j’irais chercher sous l’os de mon crâne. Elles sont là, les aventures, à ma portée. Je n’ai qu’à prendre le train pour Arles.

— Patron, je vous rejoins à la fin de la semaine !

Ma décision ravit Antoine. Il aime aussi la volonté chez les autres. Il me regarde en face. Tout son visage rit. Il a l’âge de son cœur, qui va bon train en ce moment. Et dans cette pièce charmante, tout éclairée des reflets de la Seine, au cœur du vieux Paris, qui a tant battu, tant vécu, devant la statue d’Henri IV, ce père de la bonne