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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

Elle le regarde avec un sourire dévot :

— Vous m’avez matée.

Alors, il sourit aussi. Il empile sa troupe dans deux autos. Chacun s’efface. Il dit : « Montez ! Montez ! » Le régisseur est le dernier. Il fait froidement :

— Notre chère Arlésienne va vous prendre sur ses genoux.

Et il regarde l’opérateur. Puis, il ajoute :

— Benjamin et moi rentrerons à pied. Il fait une soirée épatante… Une fois à l’hôtel, vous vous mettrez à table. Vous ne vous occuperez pas de nous. Je serai là pour le poker.

Il fait signe aux chauffeurs : ils partent. Dès le premier tour de roue, une nuée de poussière cache les voitures et il dit :

— Regardez : les embêtements de la vie ne sont que de la fumée !

Puis il ouvre son veston ; il respire l’air du soir.

— Nous ne sommes pas pressés. Nous allons avoir un retour admirable…