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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

— Ça va être épatant ! Vous venez voir ?

Antoine allant ressusciter cette poignante histoire en pleine Provence : je n’ai nul besoin de réfléchir ; je m’écrie :

— Pour sûr que je vais voir !

Quelle aubaine ! Moi qui bâille à l’idée d’imaginer de toutes pièces des histoires entre les quatre murs de mon cabinet, j’exulte à l’idée de suivre à la piste la vie si riche, tragique ou drôle, et je saute sur la chance royale qui m’est offerte. Pour ma plume, plaisir assuré. Je vais travailler dans le vif, sur un modèle exceptionnel. Je vais vivre un chapitre du « roman » d’Antoine. Voulez-vous le vivre avec moi ? Pourquoi cet homme, du fait qu’il existe, passionnerait-il moins ma lectrice qu’un héros fictif et romanesque ?… Quoi ?… J’entends mal ?… Vous dites, monsieur, qu’il faut transposer ?… Ah ! vous avez des principes ?… Excusez-moi, je n’en ai guère et crois qu’il ne faut rien, sinon ne pas assommer ceux qui lisent !