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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

visage est tout charme, le geste alerte, le petit corps léger, mais il n’en est déjà plus à son premier film, et Antoine, qui l’a placé sur un rocher disant : « Tu vois passer ton frère. Tu cries : « Emmène-moi ! » Et tu ne fais aucun geste, — surtout aucun ! » — Antoine le juge cruellement :

— Pouh ! Déjà conventionnel, commercial et foutu !

Mais il ne désespère pas : accident normal !… De même pour le jeune premier, Antoine est narquois… et heureux à l’idée que celui-là, depuis trois jours, se retient de manger, afin de porter sur son visage toutes les traces de sa fièvre d’amour.

— Vous allez voir, dit Antoine, le talent que ça va lui donner !

Il le fait monter à cheval :

— Désespérant, votre cheval !… Un air fonctionnaire et bourgeois… Et puis, ne tapez pas dessus, monsieur. Vous n’êtes pas officier de cavalerie : vous êtes Frédéri. Vous avez sauté sur votre bête ; vous marchez vers Arles. Soudain,