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ANTOINE DÉCHAÎNÉ

— Il y aurait tout de même quelque chose d’admirable à faire avec ça !

Ce conditionnel lâché, soyez certains qu’Antoine empoignera le cinéma : ce n’est plus qu’une affaire de temps. Comme pour le théâtre, il n’aura pas peur de la lutte ; une fois de plus, il sera Antoine tout entier, sans concessions ; et il vivra là un rêve magnifique. Antoine travaille. Badauds, vous pouvez regarder : il fait ce qu’il croit et ce qu’il veut !

— Au fait, quand pars-tu pour Arles ? demande son fils qui, sur la table de la salle à manger, vient d’ouvrir un dossier de paperasses, où on lit ce titre : L’Arlésienne.

Si Antoine est toujours pressé de faire quelque chose, moi je suis toujours pressé de savoir ce que fait Antoine. Je dresse l’oreille :

— Iriez-vous tourner le drame de Daudet ?

Tout juste. Sa valise est faite. Il part dans deux jours ; et il me jette à brûle-pourpoint d’un ton qui est à la fois une invite et un défi :